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Rima Hassan dénonce le cadrage partial d'un article du "Monde"

Une polémique fondée sur une citation anonyme

Dans la rubrique "Culture" du Monde, le 26 septembre, paraît un article titré "Une exposition photo de Rima Hassan au festival Jaou de Tunis suscite des inquiétudes". Sous-titre : "La présence, en tant qu’artiste, de l’eurodéputée à la biennale d'art contemporain, avec une série de portraits de réfugiés palestiniens, dérange une partie de la communauté juive tunisienne." Sauf que le papier n'évoque en réalité cet aspect qu'au 11e et dernier paragraphe, sur la base d'une citation anonyme. Elle est attribuée à "un habitant du quartier"  de Tunis dans lequel l'exposition va se tenir : "Toutes les rues ici ont été débaptisées dans les années 1960. Ce n'est pas un hasard si l'exposition se tient là où une grande partie de la présence juive a été effacée."

L'eurodéputée LFI Rima Hassan – élue bien après avoir débuté ce travail artistique de plusieurs mois au sein des camps de réfugié·es palestinien·nes – prend la plume sur X pour déplorer le cadrage choisi par le quotidien. "La source d'inquiétude mentionnée dans l'article, c'est, tenez vous bien, le fait que le lieu de l'expo se trouve rue de Palestine (ça ne relève pas de moi par ailleurs) et qu'une synagogue se trouve près de cette rue et le tout basé sur UN SEUL témoignage anonyme"s'indigne Rima Hassan. En accompagnement, la femme politique poste le message initial de la journaliste : "Avec ma consœur du service culture, nous nous intéressons à l'Expo de photo que vous préparez pour Tunis. J'aimerais que vous me parliez de votre projet." Le lendemain 27 septembre, elle fait part d'un autre élément : l'une des deux journalistes a recueilli un témoignage favorable à l'exposition. Un commentaire de l'artiste juif tunisien Rafram Chaddad, qui  acceptait que son nom soit cité. Son point de vue n'a pas été inclus dans le reportage. En réponse, il a publié les questions et ses réponses sur son compte Instagram.

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"Sciemment retiré des témoignages"

Rima Hassan, X, 27 septembre 2024

Jointe par Arrêt sur images, Rima Hassan met sa casquette d'artiste et raconte son projet artistique : ses voyages dans les camps de réfugiés, ses retrouvailles après 20 ans d'exil avec son père, son choix de photos avec et sans keffieh, autant que politisation déshumanisante dont font l'objet les 5,6 millions de réfugié·es palestinien·nes, y compris selon les pays dans lesquels ils et elles résident depuis plusieurs générations. De tout cela, qu'elle assure avoir aussi raconté à la journaliste du Monde, Sandrine Cassini, il reste deux paragraphes.

Rima Hassan reproche à Sandrine Cassini la manière dont lui a été présenté l'article initialement. Rima Hassan se rappelle avoir compris, au cours de leur échange téléphonique, que la journaliste s'intéressait finalement assez peu à son œuvre artistique (ses questions portant plutôt, par exemple, sur le financement de son projet). La journaliste du Monde aurait aussi "beaucoup insisté pour me demander si ce n'était pas une manière de faire de la politique mais différemment", rapporte Rima Hassan. "Je lui ai répondu que non, que j'étais là dans l'intime, dans une sincérité aussi, que oui j'ai une identité politique, et puis tout est politique dans l'art, mais je ne suis pas sur ce terrain-là" avec l'exposition. 

"Elle m'a fait croire qu'ils s'intéressaient à mon projet, moi, très naïvement, je donne de mon temps, et à aucun moment je ne suis humanisée dans ce que j'ai à dire sur ce sujet, regrette encore l'eurodéputée. Soit je suis juste dans une stratégie politique, soit je suis louche dans mes relations avec la fondation, plutôt que de parler de ce que je porte dans mes tripes, de ce qui me situe dans le monde." Juste avant publication, Sandrine Cassini lui demande de relire et valider ses citations. Et ajoute, selon un message que nous avons pu consulter :  "Après enquête, il s'avère aussi qu'elle inquiète – pas tant l'expo que votre titre d'eurodéputée – un peu la communauté juive de Tunis. Je voulais savoir si vous vouliez réagir à ça." Rima Hassan n'y répond pas. "Il est problématique qu'on vienne poser que le simple fait que je témoigne pour poser la question des réfugiés palestiniens serait en soi une source d'inquiétude", considère-t-elle aujourd'hui. 

Rima Hassan poursuit. "On aurait pu interpréter l'expo comme l'occasion d'une rencontre, se dire que des personnes de confession juive vont s'y rendre et que, pour la première fois, elles verront des réfugiés palestiniens […] pourquoi on ne l'appréhenderait pas comme ça ?" Dans un premier temps, Sandrine Cassini avait accepté un échange avec ASI, mais n'a pas répondu l'heure du rendez-vous venu. Elle l'a ensuite renvoyé à plus tard sans autre précision. Sa collègue Roxana Azimi a argué avoir trop de travail pour pouvoir répondre.

Ce contenu est extrait du dernier épisode de notre émission Proxy**. Elle est diffusée en direct un mardi sur deux à partir de 17 h 30 sur** notre chaîne Twitch. Pour en savoir plus, vous pouvez regarder l'extrait de Proxy dont cet article provient : https://www.twitch.tv/videos/2264992777

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